Conférence sur la Mappe sarde de 1730

La Savoie est fameuse pour son cadastre sarde de 1728-1738, sur lequel de nombreuses études ont paru. Chef-d’œuvre de la monarchie de la maison de Savoie, il constitue avec l’abolition des droits seigneuriaux l’événement le plus marquant de l’histoire de la société et des institutions savoyardes au xviiie siècle. Il ne s’agira pas ici de revenir sur cette réalisation ni sur l’abondante bibliographie qui l’a illustrée1. Mon propos vise à s’intéresser aux antécédents de ce cadastre, surtout au xviie siècle. Ils méritent une attention toute particulière car, même si Hélène Viallet a réalisé, il y a de cela quelques années, une très intéressante synthèse sur la question2, il y a encore fort à faire pour connaître ces documents. Je voudrais donc en donner ici une vision globale, en décrivant les rouages institutionnels, la procédure de rédaction, les acteurs qui participent à la confection des cadastres au xviie siècle. Un recensement, que l’on veut le plus complet possible, des documents cadastraux de cette époque nous permettra de cartographier leur aire d’utilisation. À leur lumière, il est également possible de faire ressortir les tensions, les problèmes sociaux qu’ont soulevés ces opérations, d’étudier les juridictions qui ont été chargées des causes concernant taille et cadastre et de faire le point sur un certain nombre de problèmes archivistiques et de conservation. Il me semble qu’enfin, on peut tenter une comparaison entre ces cadastres, que, par convention, on désignera ici par l’expression « cadastres anciens » (c’est-à-dire antérieurs à celui de 1728-1738)3, le cadastre sarde et un autre type de document décrivant la terre et la propriété (même si leur nature est quelque peu différente), les terriers et reconnaissances.