Gorges de Ballandaz

Avec un débit irrégulier au fil des saisons, les eaux des Gorges ont été pendant longtemps considérées comme des eaux malfaisantes et sauvages à l’origine de nombreuses crues et catastrophes. Au XVIIIe et au XIXe siècle, les Tarins considéraient alors l’élément eau comme un fléau plutôt que comme une providence, en référence à sa force destructrice notamment lors de la fonte des neiges. Les Routes, ponts, digues ou encore moulins furent souvent emportés lors d’inondations et certaines parcelles agricoles, au cœur d’une économie agropastorale prédominante, fortement endommagées.

L’arrivée de la Belle Epoque amorce un tournant dans ce rapport à l’eau. Dès la fin du XIXème siècle avec l’avènement des « stations climatiques » comme Pralognan et le développement du thermalisme, le site des Gorges se transforme en haut lieu de villégiature fréquenté par les curistes de Brides-les-Bains en quête « d’eaux curatrices », grandement portés par une mode mondaine. Cet essor du thermalisme coïncide avec celui du tourisme : les romantiques, dès le début du siècle, sont particulièrement sensibles à cet environnement montagnard à la fois grandiose et mélancolique, composé de forêts, de cascades et d’impressionnants sommets.

Parallèlement, cet engouement va être largement favorisé par l’arrivée de la fée électricité, énergie propre et silencieuse, propulsant la vallée dans l’ère de la modernité. De nouveaux moyens de transports se développent : aux transports à vapeur qui noircissent et salissent les vêtements de cette clientèle aisée, on préfère le tramway fonctionnant à l’électricité. L’eau puissante des Gorges devient alors source d’énergie grâce à des aménagements hydroélectriques, dont l’utilisation sera le point de départ d’une aventure industrielle au Villard-du-Planay tout au long du XXème siècle. De nos jours, ces aménagements de plus d’un siècle permettent encore de combler les besoins en électricité du réseau national.

Par ses multiples facettes, les Gorges de Ballandaz sont un lieu d’émerveillement chargé d’histoire où l’eau à l’état brut impose son chemin, grignotant la roche et forgeant la montagne au gré de ses envies.